mardi 12 septembre 2017

SALUDO DE GUILLERMO TEILLIER



Saludo al Acto de Homenaje al Presidente Salvador Allende, en el año del Centenario de su nacimiento, organizado por el Partido Comunista Francés y el Partido Comunista de Chile en Francia (17-octubre-2008)

Estimados compañeros y amigos,

Saludamos con todo afecto el significativo acto que ustedes realizan en Paris en homenaje a Salvador Allende, en el Centenario de su nacimiento.

En este año 2008, los homenajes a Salvador Allende han constituido un acontecimiento político y social de gran importancia en Chile. En numerosos países del mundo se han organizado diversas ceremonias de homenaje en su memoria. Es el reconocimiento a la consecuencia y a la herencia que nos dejó Allende en su larga lucha social y política por los intereses de Chile, de los trabajadores y del pueblo de nuestra Patria.

Para el Partido Comunista de Chile estas enseñanzas se reflejan en el curso de la situación política actual, señalándonos la necesidad de seguir bregando -como él lo hizo- en la construcción de una alianza amplia para terminar con la herencia nefasta que la dictadura de Pinochet ha dejado en el país, para desmantelar la política de exclusión y de discriminación hacia los trabajadores, los pueblos originarios y todos los que claman por democratizar Chile. Abrir el abanico de nuestra alianza hacia todos los sectores del pueblo es una necesidad imprescindible para avanzar hacia un gobierno democrático y progresista, en la perspectiva de la revolución y el socialismo.

Hoy, vivimos en Chile en los marcos de una democracia excluyente en el que los derechos nacionales y sociales que representa el allendismo siguen siendo una tarea pendiente. Baste decir que actualmente la situación del cobre chileno es tan grave como cuando Allende promovió la nacionalización del cobre, que vuelve a estar mayoritariamente en poder de las multinacionales.

La valoración de la figura y el rol de Allende crece incesantemente. La conmemoración del centenario de su nacimiento pone de relieve que su papel en la historia no es un asunto del pasado sino del futuro. Allende vive como constructor de esperanza para nuestro pueblo. En Chile, el camino que debemos recorrer en las condiciones actuales, es el que su gobierno empezó a desbrozar.

Para esa tarea inmensa, asumir la herencia de Allende es irrenunciable. La reivindicamos como un patrimonio de toda la izquierda en nuestra patria y en América Latina. Sabemos que Allende se alegraría inmensamente de ver la emergencia, mas allá de nuestra querida Cuba, de procesos liberadores en Venezuela, Bolivia, Ecuador, Nicaragua, Paraguay, cada cual con sus peculiaridades.

Reciban pues, estimados compañeros franceses, compañeros chilenos y todos los participantes en el significativo homenaje a los Cien Años de Allende, que realizan hoy en la sede del Comité Central del Partido Comunista francés, el abrazo de los comunistas chilenos, afirmándoles que consideramos una necesidad y un deber político llevar a la realidad del Chile actual los sueños y el legado de Allende.

Guillermo Teillier
Presidente
Partido Comunista de Chile

INVITATION

Invitation

Journée d’hommage à Salvador Allende
à l’occasion du Centenaire de sa naissance

Vendredi 17 octobre 2008 à partir de 18h00
à l’Espace Niemeyer, 2, place du Colonel Fabien – 75019 Paris



Le centenaire de la naissance de Salvador Allende est pour nous l’occasion de réfléchir aux idées et à l’oeuvre du Président chilien.Même si l’intervention américaine et la réaction nationale ont empêché son gouvernement de réaliser ses idéaux de justice, Allende reste, aujourd’hui plus que jamais, un exemple pour tous ceux qui, comme nous, rêvent d’une société plus juste et croient aux transformations sociales.

Pour lui, le socialisme n’était ni un slogan, ni une utopie, ni un déguisement, mais une réalité concrète vers laquelle son gouvernement tendait jusqu’au coup d’arrêt sanglant du 11 septembre.

Son exemple mérite d’être médité, suivi, adapté aux besoins de notre époque. A l’heure où, partout dans le monde, les idoles sont déboulonnées ou récupérées par la société marchande, seul l’exemple d’Allende résiste.

En Amérique latine toutes les expériences progressistes s’en inspirent ; en Europe, beaucoup s’en réclament sans pour autant suivre son exemple. Et d’ailleurs, savons-nous qui était véritablement Allende?

Nous vous invitons à réfléchir aux idées et à l’action de Salvador Allende afin que son enseignement nous éclaire dans les luttes à venir, aussi bien en Amérique Latine qu’en Europe.



Parti communiste Français - Parti communiste Chilien en France





LE PHOTOGRAPHE D’ALLENDE

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Photo d'Orlando Lagos, paru dans The New York Times en 1973

L’histoire secrète du «Chico» Lagos, l'auteur des ultimes photos d’Allende

Dans une maison de repos pour personnes âgées - loin de la reconnaissance officielle et à 94 ans - est mort le photographe qui a enregistré les dernières images de l’ex Président le jour du coup d’Etat. Luis Orlando Lagos Vasquez a renoncé à la renommée mondiale qu’il méritait par un pacte secret signé avec “The New York Times” et même lors de ses funérailles le mystère du portraitiste du 11 septembre 1973 n’est pas sorti de l’ombre.

Ce fut un secret si bien gardé, que dans tous les hommages rendus ces derniers jours à feu Luis Orlando Lagos Vasquez (famille, presse, collègues et amis), personne n’a parlé de l’exploit réalisé par ce petit géant de la photographie chilienne, qui a été comparé avec des “classiques mondiaux”, tels que les photo-reporters qui étaient présents en Iwo Jima, lors de la chute de Berlin ou pendant la guerre d’Irak.

“Chico” Lagos a fixé –avec une caméra Leica- de l’intérieur le drame qui s’est déclenché dans la Monnaie aux premières heures du 11 septembre 1973. Ainsi il a enregistré pour l’histoire le dernier parcours de Salvador Allende dans les dépendances du palais, entouré des “Gap”(1) et des carabiniers loyaux jusqu’à ce moment, alors que déjà les avions putchistes survolaient le centre de Santiago, en choisissant le trajet qu’allaient suivre plus tard leurs bombes contre le siège du Gouvernement.

Après avoir accompli son devoir professionnel, Orlando Lagos, photographe officiel de la Monnaie depuis 1970 –1,55 mètre de taille-, a réussi à sortir de là avec les filles du Président Allende, Beatriz e Isabel (l’actuelle députée), entre autres, durant une brève trêve accordée par les militaires, qui avançaient avec des tanks et l’infanterie pour bloquer toutes les issues.

Il a caché dans les plis de ses vêtements les plus intimes le rouleau avec les négatifs, base des images que deviendraient célèbres, restant lui dans un anonymat qui a duré des décennies, et qui vient de finir avec cette chronique. Les photos de “Chico” Lagos ont été publiées trois semaines plus tard aux Etats Unis, et ont commencé à faire le tour du monde, avec des copies par milliers sans attribution d’auteur. Le plus souvent comme témoignage du dernier acte politique de Salvador Allende, mais aussi comme exemple de photo-reportage dans des cercles professionels et académiques.

Auteur inconnu.

“The New York Times”, considéré par beaucoup comme le plus important journal au monde, a acheté à Santiago, au début d’octobre 1973; pour 12 mille dollars –à cette époque, un montant de rêve-, un set de six photos d’Orlando Lagos, avec l’engagement de ne pas révéler son nom jusqu’au jour de sa mort. Mais lorsque celui-ci est arrivé –l’après midi du 7 janvier dernier, dans la Maison de retraite La Reina, du Conseil National de Protection de la Vieillesse-, les éditeurs new-yorquais avaient déjà oublié leur engagement, et ils n’ont même pas mentionné son décès dans leurs colonnes.

Le pire est que peut-être “Chico” Lagos n’a même pas reçu l’argent pour ses instantanés si saisissants. L’opération avec le “NYT” aurait pu se faire par le biais d’un intermédiaire dont on n’a jamais eu de nouvelles. Lagos n’a jamais été prêt à négocier les milliers de clichés “exclusifs” que sa position lui permettait de prendre chaque jour.

Photographe personnel d’Allende pendant ses quatre campagnes présidentielles, Orlando Lagos a continué à ses côtés à la Monnaie entre 1970 et 1973, l’accompagnant dans toutes ses tournées de Président, à l’intérieur et à l’extérieur du Chili. Lorsque s’est réalisée la vente au “New York Times” il était suivi de près par les sbires de Pinochet, qui ont fouillé sa maison trois fois après le coup d’Etat et détruit toutes ses archives ainsi que les appareils, à la recherche de photos “compromettantes”.

Avec le temps, le dramatique témoignage graphique du chilien à l’intérieur de la Monnaie s’est converti en un patrimoine commun de la presse mondiale et de la “résistance”, par-dessus le copyright du journal new-yorquais, violé de nombreuses fois dans des livres, affiches, films, manifestations, disques et journaux (avec des copies de copies) sans que ne soit jamais mentionné le nom du véritable auteur des photos.

Les organisateurs du Prix International World Press ne l’ont pas fait non plus, en l’octroyant au titre de “ La Photo de l’Année 1973” à la principale photo d’Orlando Lagos sur laquelle se reflète dans les visages d’Allende et de ses accompagnateurs (un gap, à droite, le médecin Danilo Bartulin, au centre, et à sa gauche le capitaine des Carabiniers José Muñoz) l’inquiétude face à la menace de l’imminent bombardement aérien qui s’insinuait à cet instant.

Profiteurs

Au-delà des manoeuvres commerciales, diverses thèses ont prétendu attribuer les photos d’Orlando Lagos à d’autres auteurs, en supposant même que le photographe inconnu “n’était pas un chilien”. Ou que les photos correspondaient en réalité aux préparatifs de défense du Palais de la Moneda devant le “tancazo”(2) (juin 1973) et non au 11 septembre.

L’écrivain résidant au Canada, Hermes H. Benitez, dans son livre “Les morts du Président Allende” (Ril Editores, Santiago 2006) assure à la page 88 de son oeuvre que les dernières photos du Président qui a dirigé l’Unité Populaire, “ont été faites” par un dénommé “Freddy Alborta”. Et ce nom existe, curieusement, et il s’agit en plus d’un photographe. Mais c’est l’auteur vérifié des tout aussi célèbres photos de Che Guevara après son assassinat dans une école de la Higuera, en Bolivie, en octobre 1967.

Frank Manitzas, correspondant de la chaîne nord-américaine de télévision CBS à Santiago en 1973-74, a déclaré à cette époque que l’auteur des photos à l’intérieur de la Monnaie, dans la matinée du 11 septembre, “était un dénommé ‘David’, d’environ 40 ans, aux cheveux blancs et qui portait une fine moustache”. Orlando Lagos avait déjà les cheveux blancs à l’époque, mais il avait 60 ans et selon ce que m’a déclaré sa fille, Julia Ester, qui l’a soigné jusqu’aux derniers jours, “il n’a jamais eu de moustache ni fine ni épaisse”.

À l’extérieur

L’intention du photo-reporter était de quitter le pays au plus tôt à cette époque-là, et c’est pour cela qu’il aurait négocié rapidement les photos, inquiet pour sa sécurité personnelle. D’après Manitzas, “il s’est empoché la non négligeable somme de 12 mille dollars”. Mais Orlando Lagos n’a jamais reçu cet argent, déclare Julia Ester, “au contraire il est resté au pays en affrontant de grandes difficultés économiques jusqu’à ce qu’il pût voyager au Venezuela, seulement en 1975, et avec le billet qu’a dû lui acheter un ami, car il n’avait pas d’argent”.

En 1988, le souvenir du photographe “anonyme” est ressuscité dans un reportage d’un quotidien de Santiago, qui a publié en grand titre : “David est-il vivant ? Des journalistes français le recherchent au Chili pour lui rendre hommage.” Mais Lagos n’a donné aucun signe, même pas en plein Gouvernement de la Concertation.

Lorsqu’effectivement le Collège des Journalistes lui a rendu hommage, douze ans auparavant, en 1986, et en pleine dictature, utilisant la tribune de la Salle Amérique de la Bibliothèque Nationale, remplie de journalistes, d’étudiants en journalisme et de correspondants étrangers, “Chico” Lagos a insinué la vérité sur le poids énorme qu’il portait depuis 1973. Personne – sauf les plus intimes – n’a fait attention au clin d’oeil que contenaient ses paroles lorsqu’il a dit textuellement : “Le plus émouvant dans ma vie professionnelle fut le 11 septembre 1973, lorsqu’étant à la Monnaie, le Président Salvador Allende m’a demandé d’abandonner le Palais du Gouvernement, qui fut bombardé cinq minutes plus tard.”

Orlando Lagos ne pouvait en dire plus alors, lui qui avait pris les photos qui allaient devenir historiques seulement quelques heures avant les adieux d’Allende. Ceux-ci ont consisté en une ferme poignée de main. Il ne parlerait pas non plus en public sur ce sujet postérieurement. Mais sa famille la plus proche a toujours su qu’il était l’unique auteur de ces photos mémorables. Dans l’ultime période de sa vie, “Chico” Lagos est tombé dans les griffes de la maladie d’Alzheimer, aggravée depuis la fin 2005, et n’a plus jamais parlé de son exploit.

Dans cette chronique de La Nación du dimanche, on reconnaît pour la première fois de manière explicite dans le journalisme chilien et international, qu'Orlando Lagos Vasquez est le père des dernières photos d’Allende vivant, à l’intérieur de la Monnaie, le 11 septembre 1973. L’auteur de cette note, en exil, le savait depuis 1974, mais jamais auparavant il n’avait pu le publier, même lorsque révéler le secret n’aurait nui à personne... sauf, peut-être, à ceux qui avaient touché les 12 mille dollars au nom de “Chico” Lagos. Mais ceci n’était pas du domaine public jusqu’à aujourd’hui, dimanche 4 février 2007.

Il a refusé une maison

“Chico” Lagos fut le photographe personnel d’Allende pendant ses quatre campagnes présidentielles. Lorsque tous les deux sont arrivés à la Monnaie, en 1970, le Président a voulu lui offrir une maison. Mais le photo-reporter l’a refusée, indigné. Le plus qu’a obtenu le Président est qu’il accepte l’installation d’un téléphone dans son domicile de la rue Lord Cochranne. “Je suis fatigué de t’envoyer chercher en taxi chaque fois que j’ai besoin de toi”, s’est justifié le Président. Le 11 septembre 1973, Orlando Lagos est arrivé à pied jusqu’au siège du Gouvernement. Paru dans La Nación Domingo/Camilo Taufic



Traduction : Nadine BRIATTE, J.C. Cartagena

Notes du traducteur

(1) Les GAP (Grupo de Amigos Personales) sont des militants qui forment la garde personnelle de Salvador Allende.
(2) Soulèvement militaire du colonel Souper en juin 1973. Appelé Tancazo ou Tanquetazo, a été un coup d'Etat effectué contre le gouvernement de l' Unidad Popular du président Salvador Allende, au Chili. Il a eu lieu le 29 juin 1973. Le nom de « Tancazo » vient du fait que les rebelles ont massivement utilisés des tanks et autres véhicules de combats lourds. La résistance a été efectuée par les soldats du régime constitutionnel et par le Commandant en Chef de l'Armée Carlos Prats


« ALLENDE LA MÉMOIRE »


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Toile de Guillermo Nuñez
UNE EXPOSITION COLLECTIVE
Salvador Allende
Aux côtés de la toute nouvelle association "Allende 1908-2008", la Ville de Rennes célèbre le centenaire de la naissance de Salvador Allende : une exposition "Allende la mémoire" a été organisée fin janvier à la Maison internationale de Rennes, des conférences seront proposées, ainsi qu'un concert des Quilapayuns courant 2008.

AFFICHES DE L'UNITÉ POPULAIRE





Les années de l'Unité Populaire ont été le point culminant d'une grande effervescence culturelle et militante au Chili. En témoignent les "murales", ces fresques peintes sur les murs des villes chiliennes qui font partie de la culture politique populaire et constituent un témoignage graphique irremplaçable. A voir absolument l'exposition virtuelle sur les arts graphiques Breve Imagineria Politica durant la période de l'Unité Populaire (fresques murales, affiches…) est en ligne sur le site en espagnol.

COMPTE RENDU DE LA «SOIRÉE POLITIQUE ET CULTURELLE D’HOMMAGE À SALVADOR ALLENDE»


Une salle pleine a accueilli les différents intervenants, responsables politiques et diplomates, venus évoquer la pensée et l’œuvre du Président chilien et souligner l’actualité de son héritage.

la soirée a débuté par le dévoilement d’un grand portrait d’Allende, oeuvre du peintre Henri Muñoz-Horeau.

Mélina Cariz, maîtresse de cérémonie, a lu un message envoyé par Guillermo Teillier, Président du PCCh.

Jacques Fath, responsable des Relations internationales du PCF, a souhaité la bienvenue aux participants, excusé l’absence de la secrétaire nationale, Marie-George Buffet, retenue par le congrès de l'ANECR, et souligné l’actualité pour l’Europe de l’œuvre d’Allende.

En rappelant d’autres activités conjointes des communistes français et chiliens (la commémoration des trente ans du coup d’Etat et les hommages à Pablo Neruda et à Gladys Marin), le responsable communiste a montré la dimension qu’a encore aujourd’hui la figure d’Allende, un révolutionnaire qui occupe une place particulière dans l’histoire du siècle dernier.

J. Fath a fait ressortir la démarche unitaire de S. Allende pour construire un mouvement participatif, indépendant et populaire qui voulait, avec la participation des travailleurs organisés et grâce à de nouvelles institutions, établir une véritable démocratie ainsi que l’indépendance économique du pays.

D’après lui, les expériences progressistes qui surgissent en Amérique Latine (AL) «dignes héritières des idées défendues par S. Allende» soulèvent d’énormes espoirs. Ces rassemblements populaires, a-t-il ajouté, dont on commence à percevoir les fruits, sont en butte à l’agressivité des Etat-Unis, bien que le rapport de forces se soit incliné en faveur des peuples.

J. Fath a souligné la diversité de formes qu’adoptent ces mouvements émancipateurs, chacun suivant la route à son rythme, et révélateurs de la volonté profonde de transformation sociale des ces peuples qui ont survécu à de sanglantes dictatures.

Tout en rappelant l’état d’avancement de la lutte dans certains pays, le responsable communiste a salué la présence à la tribune de plusieurs personnalités, notamment celles de Madame Luzmila Carpio, ambassadrice de Bolivie, et de Leyde Rodriguez, conseiller politique de l’ambassade de Cuba.

Il a tenu à réaffirmer l’indéfectible solidarité du PCF envers le peuple cubain face au blocus américain et envers le peuple bolivien dans sa lutte émancipatrice pour établir une nouvelle constitution. Il a aussi exprimé ses vœux de succès aux forces révolutionnaires vénézueliennes lors des prochaines élections régionales.

En évoquant les prochaines élections chiliennes, municipales en octobre 2008 et présidentielles en décembre 2009, J. Fath a dénoncé l’injuste loi binominale et a souhaité, aussi bien pour le Chili que pour la France, l’instauration d’élections à la proportionnelle.

Finalement, J. Fath, en saluant les participants à la table ronde, a rappelé l’attachement des communistes à cette page d’histoire qui a été écrite par l’Unité Populaire (UP). Et il nous a invités, comme S. Allende, à écrire l’histoire tous ensemble.

Après une brève mais chaleureuse intervention d’Odette Baltra, fille de Mireya Baltra, ancienne ministre du Travail de Salvador Allende, l’animateur de la rencontre, Obey Ament, responsable des Relations internationales pour l’Amérique Latine (AL) du PCF, a tour à tour offert la parole aux intervenants.

Fernando Valenzuela, responsable du Parti communiste du Chili en France, souhaite la bienvenue aux participants au nom de son organisation.

En cette année du centenaire de S. Allende, selon F. Valenzuela, les nombreux hommages partout dans le monde ont placé la figure du Président à sa juste mesure, après des années de silence dans son propre pays. L’œuvre d’Allende au-delà du gouvernement populaire est essentiellement un acte politique du futur car il s’est toujours appuyé sur le peuple et encore plus sur les travailleurs organisés au sein de la Centrale Unique des Travailleurs (CUT).

Le responsable communiste a insisté sur le fait que l’unité de classe a permis la création d’alliances politique progressistes telles que l’Unité Populaire basée sur les deux partis ouvriers, Communiste et Socialiste.

En conclusion, il a mis en évidence que l’héritage d’Allende doit être étudié et analysé car il peut servir d’exemple d’unité et d’action en recherchant de nouvelles formes de participation populaire.

Luzmila Carpio Sangueza, ambassadrice de Bolivie en France, a déclaré d’emblée qu’Allende, en nous montrant le chemin de la lutte populaire vers la liberté et la démocratie, faisait partie de “la gauche propre qui ne transige pas”, mais surtout qu’il nous a appris à devenir autonomes.

Mme l’ambassadrice a rejeté l’impunité des dictateurs, notamment de l'ex-président néolibéral Gonzalo Sánchez de Lozada, responsable de la mort de 63 Boliviens. Elle soulève les graves problèmes qui se posent actuellement en Bolivie, la droite fasciste de Santa Cruz refusant, par la violence et les armes, de partager les richesses avec le reste du pays. Cette situation fait l’objet, d’après Mme Carpio, de la préoccupation des amis latino-américains, mais elle reste optimiste car la Bolivie peut compter sur l’appui de l’ensemble des pays du sous-continent groupés dans l’Unasur et aussi parce que l’expérience bolivienne ne concerne pas uniquement ce pays mais tout le monde. Tout le monde, dit-elle, car il faut regarder la Bolivie comme un camarade de lutte puisque le peuple bolivien aujourd’hui s’organise et se bat pour améliorer ses conditions de vie.
Elle a finalement manifesté la volonté du gouvernement de récupérer les ressources naturelles au profit du peuple et de refonder le pays à travers l’établissement d’une nouvelle Constitution.

«Evo est le Président d’une multitude qui s’autogouverne» a affirmé la représentante du peuple bolivien, en invitant à crier tous ensemble « plus jamais la dictature ! ».


Jack Ralite, ancien ministre, sénateur du Parti Communiste Français, commence son intervention en déclarant que le suicide d’Allende était un acte de dignité historique. Après avoir rappelé les circonstances du terrible coup d’Etat de Pinochet, il a remémoré les conditions de l’enterrement de Neruda, quelques jours après. Le sénateur s’est souvenu des morts, des prisons, notamment du stade national de Santiago, et l’arrivée des Chiliens survivants en France, leur installation dans les villes de gauche telles que Pantin ou Colombes, où il y a eu d’importantes communautés.

M. Ralite a évoqué le souvenir de l’un d’entre eux, Sergio Ortega, le compositeur de «El pueblo unido» qui a vécu en Seine-Saint-Denis et dirigé le Conservatoire de musique de Pantin. Il a aussi parlé de Carmen Hertz, l’épouse d’un disparu avec laquelle des activités ont été organisées. Ou encore il s’est souvenu de José Balmes, au moment de l’organisation de «Chile crea» en 1987, une initiative pour la vie, la civilisation et la culture.

Selon M. Ralite, aujourd’hui les pays qui ont pris le chemin de processus progressistes en Amérique Latine, interpellent les pays européens, notamment la France, car à travers eux l’héritage d’Allende se réalise.

Il a fini son allocution en invitant les participants au débat à défendre et mettre en oeuvre cet héritage car, dit-il, «nous serions inaccomplis» en ne le faisant pas.

Antoine Blanca, diplomate et historien, a précisé qu’il intervenait dans cette réunion en tant que représentant officiel du PSF.

M. Blanca qui a suivi de près le parcours du gouvernement populaire, rappelle que la première destination de F. Mitterrand nouvellement élu secrétaire général du PSF fut le Chili d’Allende car il représentait le symbole de l’union de la gauche.

La lutte pour la libération des prisonniers politiques après le coup d’Etat, d’après M. Blanca, et l’engagement de tous les secteurs de la gauche française, y compris les chrétiens, contre les crimes de Pinochet, a été un temps fort de la solidarité.
Il a rappelé l’énorme manifestation de 60.000 personnes organisée dans l’urgence par les instances politiques devant l’ambassade du Chili. L’un de ses souvenirs impérissables reste sa participation à l’enterrement de Pablo Neruda au cimetière de Santiago, qui constitue un des premiers actes de résistance contre le régime, au risque, pour les nombreux présents, de perdre la liberté, voire la vie. Il a aussi évoqué son amitié personnelle avec le chanteur Victor Jara, pour rappeler par la suite le rôle joué à l’époque par l’ambassadeur de France au Chili, M. De Menton, qui n’a pas hésité à ouvrir les portes de l’ambassade aux persécutés.

D’après M. Blanca le symbole de S. Allende se retrouve dans tous les événements émancipateurs en cours aujourd’hui en AL dont Allende serait fier. Il regrette cependant de ne pas retrouver, ni au Chili, ni en France, toute l’émotion et l’enthousiasme de cette époque et propose de soutenir sans tarder ces processus en se demandant s’il « faut attendre qu’il y ait des assassinats de démocratie pour réagir».

Leyde Rodriguez Hernandez, conseiller politique de l’ambassade de Cuba en France, a évoqué ce qu’Allende représentait pour le peuple cubain et la douleur ressentie à sa disparition. Il a retracé les visites et rencontres entre le peuple cubain et S. Allende. Déjà en janvier 1959, Allende était à La Havane, par la suite il est revenu en 1966 à l’occasion de la Tricontinentale et en 1972, en tant que Président du Chili, de retour de l’ONU.

M. Rodriguez Hernandez a poursuivi en rappelant qu’Allende, en 1968, avait accompagné les survivants de la guérilla du Che jusqu’à leur arrivée à Tahiti pour les confier personnellement à l’ambassadeur cubain en France.

En soulignant le courage, l’humanisme, la solidarité, la fidélité au marxisme et au socialisme d’Allende, le représentant cubain a affirmé que ces qualités lui ont coûté l’hostilité et l’agressivité de l’empire américain.

Selon M. Rodriguez., le triomphe électoral d’Allende en septembre 1970 est devenu le paradigme de l’ascension au pouvoir d’un gouvernement tourné vers le socialisme.

M. Rodriguez a constaté que ceux qui ont organisé le coup d’Etat contre Allende sont les mêmes qui ont attenté plus de 600 fois à la vie de Fidel, qui ont tenté un coup d’Etat contre Chavez en 2002, qui ont organisé le génocide dans la province de Pando en Bolivie, et qui mènent des actions terroristes contre Cuba.

Les peuples d’AL se réveillent de 200 ans de soumissions, a-t-il poursuivi, et l’héritage d’Allende est plus d’actualité que jamais car il représente la tradition de lutte du peuple latino-américain. Il constate aussi que l’impérialisme a perdu du terrain et que les conditions de lutte sont plus favorables aux peuples.

Cuba, fidèle à sa tradition internationaliste, a-t-il affirmé, n’a jamais faibli depuis dans la solidarité, même dans des conditions difficiles. Cuba, en résistant, espère que le XXI siècle verra triompher les idées d’Allende, du Che, de Morales, de Chavez sur le continent, a-t-il déclaré pour terminer.

René Piquet, ancien député européen, ancien vice-président du Groupe Gauche Unitaire Européenne- Gauche Verte Nordique (GUE-GVN), a affirmé que l’expérience chilienne est une histoire d’actualité, de générosité et d’unité.

M. Piquet a rappelé qu’il a été le dernier dirigeant communiste français à se rendre au Chili avant le coup d’Etat de Pinochet, ce qui lui a permis de vivre la combativité, l’unité, l’enthousiasme des gens. Il a également fait remarquer que l’histoire est un legs que nous recevons et qui nous aide à prendre des décisions.

Il a souhaité faire ressortir plusieurs points liés aux expériences politiques comme celle de l’UP. Tout d’abord, il a noté que rien ne se fait, dans le combat politique, sans l’engagement des peuples, des gens. Cette présence, a-t-il insisté, est l’essentiel, tandis que les partis ou autres organisations ne représentent que des moyens. Ensuite, a-t-il dit, la violence et la dictature sont toujours imposées par les classes privilégiées et de là le combat pour la démocratie devient essentiel car il crée les liens entre les gens et permet à chacun de s’exprimer. Le besoin de transformation, a continué M. Piquet, est toujours d’actualité.

Finalement M. Piquet a soutenu que la fragilité est propre au monde actuel et que la démonstration faite par le capitalisme de son incapacité à résoudre ses problèmes souligne encore plus la nécessité de changer de système pour construire un autre monde.

Alexis Corbière, premier adjoint à la mairie du 12ème arrondissement de Paris et représentant le sénateur Jean-Luc Mélenchon, apporte les salutations de celui-ci aux participants au débat.

Pour M. Corbière, l’histoire de la lutte d’Allende représente une pierre dans l’histoire des luttes émancipatrices. Une des leçons à tirer de l’exemple chilien est, selon M. Corbière, l’union de toutes les forces politiques de gauche, y compris en dehors de l’Unité Populaire, c'est-à-dire, le MIR.

L’expérience de l’Unité populaire d’Allende est, d’après M. Corbière, exemplaire en plusieurs points, y compris pour la France. D’abord la mobilisation populaire qui assure les voix électorales, ensuite l’union des forces de gauche, qui met l’accent sur la question sociale sans laquelle aucune force politique d’envergure et stable ne pourra être créée. Enfin, il met en valeur la mise en place d’une politique de développement culturel par le gouvernement de l’Unité Populaire.

Armando Uribe Echeverria, Président du Parti Socialiste du Chili en France, a débuté son intervention en affirmant que cet hommage à Allende était très émouvant.

Il a ensuite raconté son périple, au moment du coup d’Etat, depuis Beijing, où son père était diplomate, nommé par Allende, jusqu’à son arrivée à Paris. C’est en France qu’il s’est abreuvé aux sources de la république et de la révolution française.

M. Uribe a, par la suite, développé son hypothèse sur la nation chilienne. Il a notamment souligné que la nation chilienne a eu l’occasion d’exister très peu de fois dans l’histoire. Il a identifié trois moments depuis l’Indépendance du pays : en 1890 lors des grands mouvements sociaux, au moment de la création des partis politiques populaires (radical, communiste, socialiste) au début du XXème siècle, et à la fin des années 30 lors de l’ascension de Pedro Aguirre Cerda au gouvernement. D’après M. Uribe, l’identité de la nation chilienne a été réveillée par les campagnes électorales et l’élection d’Allende à la Présidence. Dans ce sens, selon M. Uribe, Allende est un grand patriote car il a participé à la création de cette nation, une raison supplémentaire pour vouloir le supprimer, par la force, et jusqu’à son souvenir.

Aujourd’hui au Chili, a-t-il poursuivi, après avoir écarté Pinochet de la Présidence par une négociation nécessaire en 1989, la fracture politique ne fait que croître. Ceci, a-t-il continué, souligne le besoin urgent de retrouver une vie politique et démocratique dans le pays. C’est avec cet objectif, a finalement annoncé M. Uribe, qu’arrive le récent document unitaire signé par pratiquement tous les partis politiques anciennement membres de l’Unité Populaire.

Des messages de salutations ont été lus au cours de la soirée par la maîtresse de cérémonie :

de Mario Figueroa, avocat, professeur universitaire membre du Parti Socialiste Chilien,
d’ Olivier Duhamel, juriste, professeur de Droit à Sciences Po, journaliste.

La soirée s’est poursuivie par un acte culturel sous la grande coupole de l’édifice conçu par Oscar Niemeyer.

Michael Batz, directeur artistique du festival « Allende 100 », a pris la parole pour se rappeler avec émotion de deux moments qui ont marqué sa vie : l’élection du Président S. Allende et le jour du coup d’Etat de Pinochet.

Cette partie culturelle a vu la participation du groupe Trio Sans Frontières de Polo Gomez et du groupe de Libercanto. Des extraits de textes de Neruda ont été lus, entre les présentations musicales, par Quentin Bouissou et Adrien Le Ray.

Un vin d’honneur a été offert aux participants pour clore cette initiative à laquelle ont pris part plus de deux cent cinquante personnes.

Juan Carlos Cartagena.